World Series of Poker

Les World Series of Poker (WSOP) sont chaque année le rendez-vous incontournable du monde du Poker. Pendant plus d'un mois, des milliers de joueurs se donnent rendez-vous à Las Vegas pour y disputer une cinquantaine de tournois dans les plus luxueux casinos du monde. Cet évènement unique réunit aussi bien des joueurs professionnels que des amateurs ou des célébrités.

Ceci est particulièrement vrai lors du Main Event qui est le tournoi phare des WSOP. Aucun tournoi dans le monde ne réunit autant de joueurs venus d'horizons aussi différents. Un novice peut y côtoyer les meilleurs joueurs de la planète, et avec un peu de chance, il pourra même les battre ! C'est exactement ce qui s'est passé en 2003 lorsque Chris Moneymaker, un illustre inconnu qualifié sur PokerStars, a remporté le bracelet en or réservé au vainqueur.

Ce fut une formidable promotion pour les WSOP qui depuis ne cessent d'attirer toujours plus de joueurs !


World Series of Poker en bref


World Series of Poker à la télé


World Series of Poker : Qualification et Inscription

Il existe une multitude de satellites pour gagner sa place aux World Series of Poker (WSOP). Toutes les salles de Poker en Ligne se battent pour envoyer un maximum de joueurs au Main Event. Elles espèrent qualifier le futur vainqueur et profiter ainsi des retombées médiatiques. Vous n'aurez donc aucun mal à trouver des tournois qualificatifs pour les WSOP !


wsop 2011
Coup d'envoi des World Series of Poker 2011


La véritable origine des World Series of Poker

L'origine des WSOP est beaucoup moins ancienne et spectaculaire que certains personnages avides de gloire et de reconnaissance ont bien voulu le faire croire. L'histoire officielle est en réalité une histoire réécrite à des fins romanesques. voici la véritable histoire de la naissance des WSOP.

Afin de promouvoir la notoriété de leur casino situé dans le cœur historique de Las Vegas, le Horshoe, Benny et Jack Binion eurent en 1970 une idée de génie qui marqua à jamais l'histoire du poker : créer un évènement réunissant l'élite des joueurs, évènement qui sera baptisé World Series of Poker (WSOP). Ils accueillirent une trentaine de joueurs, pour la plupart texans. Parmi eux figuraient Doyle Brunson, Johnny Moss, Thomas «Amarillo Slim» Preston, Jack Strauss ou encore Alvin Thomas et Joe Bernstein - deux hommes par ailleurs soupçonnés d'avoir assassiné Arnold Rothstein, le « père » du crime organisé aux États-Unis.

Un emplacement guère plus grand qu'une chambre d'hôtel avait été débarrassé de ses tables de baccarat pour y installer trois tables de poker. Les invités s'y affrontèrent dix jours durant, non pas dans le cadre d'un tournoi mais en jouant des parties d'argent et selon différentes variantes : poker fermé « hight », poker fermé « low » (ou « Deuce to Seven »), Stud à cinq cartes, Razz et No Limit Hold'em. Lors du dîner de clôture, ils furent priés de désigner celui d'entre eux qu'ils estimaient être le plus complet. La plupart votèrent pour eux mêmes... On demanda à cette orgueilleuse assemblée de voter à nouveau, sans avoir le droit, cette fois, de s'auto-designer. Johnny Moss remporta alors le plus grand nombre de suffrages, et fut intronisé meilleur joueur du monde. L'année suivante, les WSOP devinrent un véritable tournoi qui se joua en No Limit Hold'em, avec un droit d'inscription fixé à 5000$ - qui passa à 10 000$ en 1972.

De manière autoritaire, l'origine des WSOP est souvent raccordée à une histoire copieusement répandue dans les livres, les magazines et les sites internet évoquant la naissance des championnats du monde. Cette histoire, c'est celle d'une partie marathon à très hautes limites entre Johnny Moss et Nick « The Greek » Dandolos, qui, selon les versions, se serait jouée en 1949, en 1950 ou 1951. Citations de Moss à l'appui, l'écrivain britannique Al Alvarez fut l'un des tout premiers à en révéler l'existence au début des années 1980 : « Les Binion décidèrent d'organiser une nouvelle bataille de géants en proposant aux meilleurs joueurs professionnels de venir s'affronter en public. »

Cette assertion a été reprise à l'envi par de très nombreux auteurs, jusqu'au très sérieux directeur du centre d'études sur le jeu de l'université du Nevada, David Schwartz, qui dans un livre récent, raconte : « l'inspiration d'un tournoi de poker au Binion's Horseshoe remonte à 1949. Le grand joueur Nick Dandolos ne parvenait pas à trouver des parties de poker assez chères à son goût (il souhaitait jouer des parties d'argent sans limite de pot contre un seul adversaire). Binion lui offrit une partie à la hauteur de ses ambitions à condition qu'elle se joue en public. Il prit contact avec son vieil ami Johnny Moss, joueur texan itinérant qui s'envola aussitôt Las Vegas. Binion fit placer une table près de l'entrée de son casino en prévoyant des centaines de spectateurs. Pendant les cinq mois suivants, il disposa d'une attraction à faire pâlir d'envie les autres casinos de la ville.

Les deux hommes jouaient sans interruption pendant quatre à cinq jours... D'abord au Stud, puis au Deuce to Seven et au poker fermé. La foule n'en crut pas ses yeux lorsque Dandolos remporta un pot d'un demi million de dollars en payant un bluff de Moss... Mais, au terme de ce match, Dandolos dit poliment : « Monsieur Moss, je vais devoir vous laisser partir », avant de quitter la partie avec une perte estimée à 2 000 000 $.

Duel réel, imaginé ou simplement magnifié ?

Cette partie est si intiment imbriquée dans la fabrique de l'histoire moderne du poker que sa mise en cause pourrait apparaître comme un sacrilège. Et pourtant, après enquête, on constate que cet épisode est étonnamment peu documenté. Et que les plus anciennes références datent au mieux d'une trentaine d'années après les faits. Aucune mention dans les journaux de l'époque, tout d'abord. En 1954, l'hebdomadaire Collier's avait publié un portrait fourni de Nicholas Dandolos, play boy américain d'origine crétoise qui citait Platon à tour de bras. Cette partie marathon et d'anthologie n'était pourtant pas mentionnée. En 1966, l'année ou Dandolos décéda, aucune chronique funéraire ne l'évoqua non plus. Trois ans plus tard, Cy Rice écrivit une biographie très détaillée intitulée : Nick The Greek, le roi des joueurs. Elle décrivit les plus grosses parties de Dandolos, mais jamais celle qui nous intéresse. En 1973, Binion accorda une longue interview à une historienne du Nevada. Il évoqua Nick The Greek, mais ne mentionna aucune confrontation entre Moss et Dandolos ; aucune partie qui ait quoi que ce soit à voir avec la genèse des WSOP.

Cette histoire n'apparaît ainsi qu'au début des années 1980. Se pourrait'il que Moss l'ait inventée ? des différences apparaissent dans les versions qu'il a racontées à Al Alvarez, aux journalistes ainsi qu'à ses différentes biographies. Or, Moss était connu pour sa mythomanie patente, et son penchant à embellir tout ce qui flatterait sa réputation. Néanmoins, Moss a raconté cette histoire tant de fois et avec tant de détails qu'il se pourrait bien qu'une partie ait effectivement eu lieu avec Dandolos au Horseshoe de Las Vegas.

Tout indique, cependant, que cette partie ne fut ni aussi longue, ni aussi chère ni aussi spectaculaire que Moss et ses admirateurs ont bien voulu le faire croire. Ce qui est certain, c'est que ce duel, qu'il soit réel ou totalement fictif, n'avait rien à voir avec la naissance des WSOP. Comment expliquer, sinon, qu'un homme tel que Benny Binion ait attendu vingt ans avant de mettre son idée à exécution ?

Un concept « emprunté »

En Réalité, les WSOP tirent leur origine d'un épisode beaucoup moins ancien, que l'on doit à deux hommes beaucoup moins connus que Benny Binion, Johnny Moss et Nicholas Dandolos. D'origine texane, Tom Moore était l'un des propriétaires du Holiday Hotel de Reno où un dénommé Vic Vickrey officiait comme directeur des jeux. En 1968, sous l'impulsion de ce dernier, ils avaient décidé d'organiser une « réunion annuelle des joueurs texans » afin d'attirer de gros joueurs de craps et de blackjack. Le succès fut limité, et l'année suivante, La femme de Moore eut l'idée de focaliser cette réunion sur des parties de poker à hautes limites.

L'évènement attira la crème des joueurs américains (pas seulement texans) dont Johnny Moss, Doyle Brunson, Amarillo Slim, Bryan « Sailor » Roberts, Jack Strauss, Walter « puggy » Pearson ou encore le tueur à gages Charles Harrelson (le père de l'acteur Woody Harrelson, condamné quelques années plus tard à la prison à vie pour le meurtre d'un juge fédéral). Benny et Jack Binion figuraient aussi parmi les invités.

Cette assemblée joua à plusieurs variantes une semaine durant. A l'issue de ces sept jours de poker, Johnny Moss fut désigné comme le « Roi des cartes » et remporta une coupe en argent. Moore et Vickrey furent toutefois à nouveau déçus, car, bien que le gîte et le couvert eussent été offerts aux joueurs de poker, ces derniers avaient boudé les tables de craps et de blackjack, les seules susceptibles de faire gagner de l'argent au casino.

Les Binion, eux, s'en retournèrent enchantés et totalement séduits par cette idée de faire s'affronter l'élite des joueurs de poker. Apprenant que Moore avait décidé de ne pas réitérer l'expérience, ils décidèrent de l'organiser dans leur propre casino, à Las Vegas, pour les mêmes motifs que leurs confrères de Reno : attirer l'attention, faire venir du monde. Un spectacle, en somme, dont ils seraient les impresarios. Au printemps 1970, des invitations furent adressées à tous ceux qui s'étaient rendus l'année précédente à Reno. Et ils choisirent de donner un nom beaucoup plus porteur, évocateur et ambitieux à cet événement : World Series of Poker. Telle est la véritable origine des WSOP, qui deviendront le plus prestigieux tournoi de poker - celui que tous les joueurs rêvent un jour de gagner.

Franck DANINOS

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