Comment jouer les grosses paires au poker


poker, stratégie et astuces niveau confirmé

Jouer les grosses paires n'est pas une tâche facile. Si le flop ne vous aide pas, vous n'avez qu'une seule paire. Cette paire pourrait être plus importante que n'importe quelle carte au flop, mais cela ne veux pas nécessairement dire que vous avez la meilleur mains.


Les Paires d'As , de Rois et de Dames sont des mains très fortes avec lesquelles il faut savoir doser ses relances pour minimiser les risques d'être battu par des mains inférieures tout en tâchant d'extraire le maximum des bons jeux susceptibles de payer.

Nous ne parlerons pas ici de la paire de Valets qui est selon beaucoup de pro considérés comme une paire intermédiaire.

On joue quelquefois des heures entières juste pour l'émerveillement de découvrir l'une de ces mains exceptionnelles que sont les paires d'As, de Rois, de Dames. Statistiquement, vous avez 0,45% de chances d'ouvrir une paire spécifique, en l'occurrence ici une de ces paires, soit une fois toutes les 221 mains (voir page probabilités). Donc, en théorie, vous recevrez l'une de ces 4 paires spécifiques environ une fois toutes les 55 mains (221/4 = 55,25). Soit à peine 6 tours d'une table pleine de 9 joueurs ! On ne jurerait pas, et pourtant…

Mais quand ces paires pointent le bout de leur nez, surtout pas d'emballement et de précipitation. Car ces oiseaux rares sont souvent l'occasion de réaliser un profit substantiel, pour peu que l'on prenne le temps de réfléchir à la meilleure façon de les jouer en fonction de sa position, de son tapis et du type de table. Or, les débutants sont si souvent terrorisés à l'idée de voir leurs As et autres grosses paires « brisés » par des mains de départ très nettement inférieures qu'ils font des relances démesurées (le fameux overbet), si bien qu'ils ne récoltent que les blindes. Dommage, non ? Le pendant inverse n'est d'ailleurs pas moins fréquent : par peur de n'être pas suivi, certains ne relancent pas pré-flop, ou alors font des relances si timides qu'elles sonnent comme une invitation ! Loin de toute stratégie, ces deux types de comportement relèvent de l'émotion pure : les très grosses paires sont une telle rareté qu'on ne veut pas les « gaspiller ».

Il existe bien entendu un juste milieu entre ces deux approches extrêmes et aussi maladroites l'une que l'autre. Voyons donc comment jouer ces paires de la façon la plus profitable possible, et dans quelle mesure il est judicieux ou pas de faire un slow play avec ces mains de tout premier choix.


AA, American Airlines

La meilleure main de départ possible au Texas Hold'em. 94,1% de chances de l'emporter face à AK, 89% face à deux cartes inférieures, 82% face à une autre paire et enfin 77% de chances de gain face à deux petits suited connectors ! Les chiffres sont éloquents, la paire d'As est l'écrasante favorite de n'importe quelle confrontation. Et si elle peut supporter un rival supplémentaire, les choses se compliquent sérieusement dans un match à quatre joueurs, et les chances de la paire d'As chutent de façon notable. C'est pourquoi, si grande soit la tentation d'attirer le maximum de clients dans le coup et de faire un slow play avec votre paire d'As, n'y succombez pas : relancez avant le flop. Car un accident est vite arrivé…

Par exemple, en ne mettant pas hors course la grosse blinde qui, avec dépareillés et un flop sans tirage couleur, vous vous exposez à laisser filer tout votre tapis ou presque sans vous méfier. Donc, la relance pré-flop vous permet de chasser les mains moyennes et de tirage, qui peuvent vous faire très mal quand elles touchent, tout en vous assurant de conserver l'avantage originel de vos As.

Outre ces aspects « préventifs », une relance pré-flop digne de ce nom (3 à 4 fois la surblinde) a aussi pour objectif de grossir le pot que vous vous apprêtez à remporter. Car en toute logique, si votre relance est substantielle, vous ne devriez être payés que par des mains solides, une belle paire de Dix et au-delà, ou par de gros suited connectors du type assortis. Dans la majorité des cas, vous affronterez donc un à deux adversaires, rarement plus ; contre lesquels vous êtes favori avec le type de mains évoquées, et qui risquent fort de payer toutes vos mises si le board est inoffensif pour le détenteur de la paire, ou si les gros connectors ont trouvé leur top paire.

Et si personne ne suit votre relance pré-flop, cela ne peut vouloir dire que deux choses. La première, la plus triviale, est tout simplement que personne n'avait un jeu qui méritait que l'on vous suive ; et aussi frustrant que ce puisse être de ne ramasser que les blindes ou les mises de quelques limpers, dites-vous bien que vous sentiriez autrement plus lésé si votre paire d'As perdait contre une main du type ou dépareillés ! La seconde est que vous relancez trop rarement pour ne pas être « grillé » quand vous le faites. En d'autres termes, cela signifie que vous êtes frileux et prévisible.
Ce qui n'est jamais bon au poker !


KK, King Kong

Tout comme la paire d'As, la paire de Rois ne supporte pas trop la compagnie. Il vous faut donc restreindre le champ d'action en relançant avant le flop (toujours au minimum 3 fois la surblinde), et ce depuis n'importe quelle position. Si vous avez plusieurs limpers avant vous, votre relance doit être plus importante encore car une cote intéressante pourrait finir par allécher beaucoup trop de monde à votre goût. Si vous êtes dans les premiers de parole et que vous subissez une sur-relance, ripostez en sur-relançant à votre tour ; de même, si un joueur parmi les premiers de parole relance, n'hésitez pas à le sur-relancer. Car il est à peu près sûr qu'à ce stade, vous avez la meilleure main de départ (bien sûr, les rencontres-catastrophe AA vs KK existent, mais elles sont somme toute assez rares).

Et tout comme la paire d'As, la paire de Rois est une main idéale pour « attraper » les jeux du type top paire/top kicker. Ainsi, si vous êtes callé par une un joueur ayant assortis et que le flop est J-x-x, votre adversaire aura le sentiment d'avoir le meilleur jeu. C'est ici que le slowplay prend tout son sens. Car il vous suffit de laisser votre adversaire mener la danse, de lui donner l'illusion qu'il a le meilleur jeu pour finalement le cueillir en lui tombant dessus au turn ou même à la river. Passé l'effet de surprise, il pensera à un bluff de nécessité ou se dira qu'après tout ce qu'il a investi dans le coup, il ne peut décidément pas se coucher avec ce qui est, somme toute, un bon jeu. Dans un cas vous lui prenez tout, dans l'autre vous le forcez à réaliser un fold difficile et pénible.

Mais le problème avec la paire de Rois, c'est qu'elle s'effondre face à un As. Or, typiquement, votre relance sera suivie par les joueurs ayant une paire, mais aussi par des mains du type , , voire . Et même si vous êtes largement favori face à ces mains (70/30), si un As venait à tomber au flop, vous êtes battu. Mais attention ! Cela ne signifie pas qu'à chaque fois qu'il y a un As au flop votre paire de Rois ne vaut plus rien. D'abord parce que vous pouvez toujours toucher un Roi (si, si, ça arrive). Ensuite et surtout parce que rien ne dit que votre adversaire a un As en main ! Il peut avoir suivi avec une paire inférieure, une main de tirage du type assortis… Si vous lui faites sentir que l'As vous effraie, alors il lui suffira de vous bluffer. Mais si vous « sentez » qu'il a un As, alors laissez tomber et jetez votre paire de Rois sans remords et surtout sans un centime de plus. La meilleure façon de savoir si votre adversaire a un As ? La mise au flop. Si vous êtes premier de parole, misez par exemple la moitié du pot. S'il suit (voire relance), méfiez-vous, il a de bonnes chances d'avoir touché son As ou tout autre gros jeu. Et si vous êtes second à parler, testez-le : misez s'il check, et relancez-le s'il mise. Vous serez ainsi assez vite fixé… Au poker, il ne faut jamais oublier que les mises ne sont ni plus ni moins que des questions que l'on pose à ses adversaires : assumeras-tu mon enchère ? as-tu le meilleur jeu ? Et ils nous répondent exactement de la même manière…


QQ, Ces Dames sont dangereuses

La paire de Dames, en tant que main très forte, mérite elle aussi une solide relance pré-flop. Toujours pour se protéger des mains moyennes et marginales, pour limiter le coup à deux ou trois joueurs au maximum et pour grossir le pot. Mais ici, vous espérez aussi avoir écarté les mains du type ou , car les Dames craignent à la fois les As et les Rois au flop.

Si un joueur se contente de suivre, et que le flop ne comporte ni As ni Roi (ce qui sera le cas les deux tiers du temps), alors jouez vos Dames comme les As ou les Rois : en misant. Vous gagnerez le pot arrêté si votre (ou vos) adversaire(s) n'a rien touché, piégerez celui qui aura top paire/top kicker, et ferez commettre une faute à celui qui vous suivrait sur un hypothétique tirage.

Cependant, à la différence de la paire d'As ou de Rois, la paire de Dames, quand elle est sur-relancée, ne peut guère faire mieux que de se contenter de caller dans le meilleur des cas. Car contrairement aux As et aux Rois, elle ne peut guère être sûre d'être la meilleure à ce stade, en particulier si la sur-relance vient d'un joueur réputé plutôt tight. Elle peut se retrouver face à , et, plus souvent, face à . Battue à 1 contre 1 par les paires supérieures, la paire de Dames à peine plus d'une chance sur deux face à . Si vous pouvez vous permettre de risquer votre tapis sur un coin flip en cash game, il vous faudra y réfléchir à deux fois en tournoi, en particulier si votre survie est menacée.


Quelques raisons de bloquer le jeu avec une grosse paires pré-flop :

     - Vous vous attendez à jouer contre un seul adversaire
     - Vous avez un joueurs agressifs assis à votre gauche

Jouer les grosses paires demande une bonne dose de jugement.
Doyle Brunson a écrit : "Avec les grosses paires soit vous gagnez un petit pot soit vous en perdez un gros". Jouer donc avec prudence, mais agressivité afin de gagner le plus possible quand ils sont titulaires, et perdre le moins quand ils ne le font pas.


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